La grève de 72 heures déclenchée, depuis le 26 avril dernier, par la Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d'Ivoire (Fesci) a dégénéré en actes de vandalisme à Yopougon, Abobo, Issia... C'est negrettable, d'autant plus que de multiples concertations ont été organisées et de e sages » décisions prises Pour tenter de juguler définitivement cette crise scolaire et universitaire qui dure depuis près d'une décennie (1990-1996). Malheureusement, dans ces rencontres où le verbe l'a amporté souvent sur les Acier concrets, L'école a perdu cette valeur mythique qui en faisait la cló passe-partout de toutes les portes dela vie.
En effet, de l'indépendance à l'instauration du multipartisme (1960-1990), l'école constituait, pour
les oubliés du destin et de l'histoire, l'unique espoir de se faire uno place au soleil. Grâce à die, de
vonbreux jeunes dont les parents n'étaient militants ni de la première ni de la dernidre heure ont pu partir, des campagnes pauvres et reculées, pour la ville afin d'y voler, à l'instar de Prométhée, le feu de la Connaissance. Donnant droit à toutes les couches sociales d'y accéder par le travail et l'effort individuel, école a « démocratisé » la connaissance universelle et ouvert le chemin du pouvoir et de la fortune à Certains jeunes qui semblaient définitivement condamnés, par leurs origines, à la misère et à la pauvreté. 1 Mais progressivement, la probité, la persévérance dans l'effort, le goût du travail... gle'enseignaient l'école ont été supplantés par d'autres valeurs. En fait, quand on đétoume impunément le derniers publics pour construire sa fortune personnelle, quand on fausso les résultats des dioctions pour
eccéder au pouvoir, quand la politique transforme les derniers de la classe en génies, quand le tribalisme
et le népotisne deviennent les seules critère de promotion dans in carrière, quand l'affnirisme détermine
Lsut.il n'y a plus rien à attendre de l'école. Aussi, pour bien des jounes, les diplômes qu'elle délivre ne
Jeat désormais que de simples « bouts de papier » sans aucune valeur sociale D'ailleurs, pourquoi les disciples continueraient-ils d'avoir foi en l'école quand leurs maltres qu Oliraient do etre gardiens du temple l'abandonnent ? Prolétarisés par des salaires de misère, ila sont, eur atgui atteints par le virus de la politique ou des affaires. Leaders de partin politiques, ministren, membre de cabinets occultes, directeurs de société, tenanciers de bars et de maquis, commerçants, planteurs...O les retrouve partout sauf dans les amphitheatres et les salles de classes. Au point où l'enneignemant es disormais devenu l'activité secondaire des enseignants cherchant à « manger a. Pour un grand nombre d'entre- eux, la politique se présente comme la porte dorée de la gloire et le PMU qui fait rapidement de l'urgent
Au bout du compte, abandonnés par leurs parents et leurs maitres, tous occupés à chercher & L'argent, les jeunes, eux- aussi, cherchent de nouveaux repères dans la rue. Ainsi les grèves à répétitios les casses, le « bôrô d'enjaillement », la « traversée du guerrier », l'alcoolisme, la drogue, la prostitutio constituent - ils le mode d'expression privilégié de cotte jeunesse délaissée qui veut se faire voir, se fai entendre, se faire reconnaître. Au demeurant, cette crise scolaire et universitaire qui perdure reflète comme dans un mirok
toutes les tares de la société ivoirienne. Alors, plutôt que de perdre du temps, de l'énergie et de l'argent
organiser des concertations pour réformer l'école, il vaudrait mieux reformer la société toute entiè
C'est une autre paire de manches.
Diégou Bailly, le jour, n° 1270 du vendredi 30 au dimanche 02 mai 2001